Sinj-Vrsar : remontée de la cote Croate d'une traite
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Jeudi 1er juin 2006. Lever à l'aube après une nuit dans le dortoir ex militaire (très agréable). Nos hôtes apportent le café, super, mais à cette heure nos estomacs sont plutôt noués. Ils nous demandent également une participation financière pour notre étape ; lourdauds que nous sommes, nous n'avons pas eu l'élégance de la proposer spontanément, et nous nous expliquons soudain quelques gênes de nos hôtes hier.
Le temps est encore beau et nous partons en désordre vers Zadar. Chacun se méfie des effets dynamiques du vent sur les reliefs et suit son propre cheminement tactique. Bientôt Pimpin Trouvetou se retrouve en radada dans la CTR de Split tandis que le pendulaire le plus au nord est à 20 kilomètres. Grâce à la radio VHF 123,45 Mhz sur laquelle nous restons en liaison permanente, nous fixons un point de ralliement au sud de Zadar. Le vent est avec nous, autonomie et longueur de l'étape ne poseront pas de problème : on file sur Losinje. Nous y atterissons après 1H59 de vol, et avoir traversé quelques averses. Le contrôleur nous tance pour ne pas voyager assez groupés, n'étant plus vraiment en formation.
Halte d'une heure pour refueler et poser notre plan de vol pour Vrsar : nous voulons nous éloigner du mauvais temps. Le vent devenu nord et soutenu rend tactique le survol de Cres et de l'Istrie : nous suivons les crêtes par leur versant nord pour profiter des ascendances dynamiques ; Pimpin le deltiste se régale d'une rue de cumulus sur l'Istrie turbulente. Puis Vrsar nous accueille, après 1h27 de vol. Paons et resto champêtre, c'est chouette.
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Jour tranquille à Vrsar
Vendredi 2 juin 2006, farniente dans ce petit St-Tropez. Nous visitons une réserve de nudistes et sommes sympathiquement piratés par un tour operator local.
Italie-Croatie : téléportation (en ULM furtifs)
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Samedi 3 juin 2006, il convient de fermer le raid à Caposile (Venise), voire de rallier Turin pour ceux qui remontent en vol. La météo est passable, nous choisissons de traverser le golfe de Trieste (~25 kilomètres de traversée maritime). Nous sommes fin prêts, et grillons notre dernière monnaie Croate au café. Mais notre plan de vol est refusé par les Slovènes : ULMs non autorisés en Slovénie, faut permis spécial et un transpondeur par machine :-(
Nous déposons un second, symétrique de celui de l'aller : Croatie/Italie direct par mer, sans traverser l'espace aérien Slovène. Une heure plus tard celui-ci est refusé par l'Italie (ne prennent pas les ULMs dans le contrôle !). Gasp ! Nous demandons conseil à des pilotes de trois axes italiens qui ne sont guère étonnés et nous recommandent de "passer en sauvage, comme d'habitude". C'est aussi l'avis de Rayco, qui nous propose un plan de vol nord jusqu'à la piste d'UMAG (nous découvrons ainsi quelques pistes Croates hors contrôle parfaites pour l'ULM : Umag, Medullin, Hvar, Ploce, une piste agricole au sud de Dubrovnik,..hélas pas de réglement ULM à la française en Croatie). Pan, ce troisième plan de vol est refusé car Umag est "fermée". Rayco nous demande d'attendre encore une heure puis de partir pour un local et de disparaître...Cela heurte notre profond respect des règles du contrôle aérien mais nous nous résignons à cette entorse. Merci Rayco.
En petits James Bond, nous décidons de communiquer en codé sur 123,45 MHz pour brouiller d'éventuels oreilles espionnes (!) : les points de report Jeppesen sont rebaptisés en noms de zones érogènes. Le vol retour tourne rapidement au délire rigolard : entre l'Europe de Schengen et les Balkans, au milieu du Golfe de Trieste, chacun s'annonce en approche de clitoris en provenance de téton ou de point G !! Seul Charly en panne radio manque ce morceau d'anthologie de phraséologie ULMiste.
Le paysage de lagune est fantastique : l'eau, la terre et les constuctions humaines se mêlent délicatement.
Le Quik est envoyé en reconnaissance à Caposile pour déceler la présence éventuelle de carabinieri ou autres képis (totalement absents en fait).
Dans le dernier kilomètre la visère de Charly est arrachée par le vent relatif alors qu'il se tourne a tête pour regarder derrière, et vient passer à travers l'hélice DUC tripale. L'ULM et son moteur restent manoeuvrants, mais une fois posé, il s'avère que l'hélice est HS : une pale délaminée, une autre abîmée. Le casque incriminé est un casque de paramoteur, certes léger, mais que nous ne pouvons recommander au final.
Venise-Spessa Po
Samedi 3 juin 2006. Tandis que 5 pendulaires doivent être mis sur remorque à Caposile, trois doivent poursuivre leur vol, dontle DTA Simonini à l'hélice endommagée.Une hélice Arplast que nous avions emportée en spare est montée et son pas sommairement réglé, mais le Simonini ne prend pas tous ses tours est tourne mal ?! Charly décide sagement de laisser sa machine et d'aller chercher voiture et remorque à Busano ; il part en passager du Tanarg.
Il est déjà bien tard, les embrassades sont rapides, mais néanmoins émues. Jérôme a tiré des prévisions météo depuis le poste Internet de Caposile : les Alpes semblent passables demain ! Nous n'aurons pas la durée de jour suffisante pour atteindre Busano, nous sautons comme des pois pour trouver une altitude à vent favorable (et même au dessus des 1000 feet autorisés le WE) mais ne trouvons rien. Nous nous poserons à Spessa Po vers 21H00 après 2H45 de vol . Spessa Po est une base très agréable : grande ferme aux charpentes magiques, essence, centre de service Rotax, restaurant (chic) et couchage possible dans le foin. Le restaurant est plein, mais en jouant les Mermoz/St-Exupéry de passage, ils nous trouvent une table. Nous dormons à la belle (foin et sous l'aile), heureux.
Turin-Paris (Spessa Po - Meaux)
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Dimanche 4 juin 2006, lever 5H30, décollage avant 6H00. Nos routes se séparent, j'oblique vers le nord pour passer les Alpes par le val d'Aoste et le col du petit St Bernard, car la météo prévoyait des rafales de vent dans les Alpes sauf au nord. Pourtant à l'oeil le Col du Mont Cenis est entièrement dégagé tandis qu'au nord on a des lenticulaires sur les sommets : prudence.
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Je passe le col à 8H20, il est couvert de neige récente. 9H00, je pose à Bellegarde où Michel est à poste, après 3H03 de vol. Je m'y sens bien. Rallier Meaux est un plaisir : je suis la ligne haute tension depuis Bellegarde et passe en Côte d'or pour la première fois. Geneviève m'accueille au Véliplane après 3H33 de vol. Home sweet home.
Quelques enseignements
- Le monde est à notre portée ! C'est une question de volonté et de disponibilité. Si au lieu de remonter à Paris nous avions poursuivi, nous aurions dépassé Istamboul.
- Se méfier des pompes électriques et absolument ôter leur filtre interne, comme recommande la FFPLUM
- Attention à la bonne accroche de la visière de casque
- Le casque intégral Alphatec, qui était parfait sur mon Cosmos Top 12.9 s'avère trop bruyant sur le Quik. Vérifié sur une moto : au delà de 110 km/h, son bruit aérodynamique est sensible. Je vais chercher un autre système, dommage car l'intégral me paraît un plus.
- Plusieurs cas de pannes intermittentes radio ont eu lieu dans le groupe, aux causes pas très claires.
- Les hommes "électroniques" se sont retrouvés chou blanc : Jérôme qui vient d'adopter Navi et d'investir dans un pocketpc avec GPS ne parvient pas à échantillonner de carte d'Italie ni Croatie durant le voyage. Le chargeur de Pocket Phone HP de Frédéric tombe en rade et il perd jusqu'à son téléphone. Ce ne fut pas grave car en Croatie on peut cheminer à vue avec une carte sur le genou ; par contre dans la plaine du Po c'est moins aisé.
- Nous avons une grande chance en France au niveau réglementation de bénéficier du meilleur des deux mondes : tantôt les services du contrôle aérien , et tantôt le vol 'libre' avec posé dans les bases et dans les champs.