Garrucha - Velez Malaga : vache en Sierra Nevada
La météo prévoit du vent contraire mais enfin le soleil à partir d'Almeria. Les 2 pendulaires 4 temps (Quik 912 et Chapelet BMW) ont une autonomie suffisante, mais les 582 sont justes si le vent est trop fort.
Les problèmes d'alimentation en essence se multiplieront tout au long du voyage, avec 5 pannes (!) par coupure d'alimentation (dont 2 par défaut de transfert entre réservoirs (problème de robinet des 3 axes)), et plus de 6 posés en campagne pour autonomie insuffisante (NB : le Quik n'a pas été concerné).
Le trajet est mal pavé, avec le cheminement le long de la Sierra Navada, qui se jette en mer depuis 3500 m d'altitude : aucune bases ULM et peu de champs.
Départ entre les grains, puis nous arrivons sur la plaine d'Almeria, intégralement couverte de serres en plastique blanc, c'est ici le verger d'hiver de l'Europe. On contourne l'aerodrome d'Almeria, sans voir ni entendre aucun signe de trafic, et nous voilà à longer la Sierra Nevada, enfin au soleil. Nous volons haut, le vent contraire n'est pas très fort, c'est la joie retrouvée.
A 30 kilomètres de Velez Malaga, Josette annonce à la radio qu'elle est en panne moteur ! La terre est inhospitalière, Josette choisit une plage et après avoir plané 3 minutes vache comme une super pro sur cette minuscule bande en pente et en gravier. Chapeau ! Je cercle et relève le point GPS.
Nous nous posons à Velez Malaga, il s'agit d'un aerodrome 'd'aeroclub', Malaga international étant l'aerodrome des compagnies commerciales. Mais il est situé dans l'immense CTR de Malaga, et les gens de l'aeroclub ne veulent pas nous accueillir : "interdit aux ULMs, vite rejoignez la base ULM d'Antequera à 50 km au nord, partez.. ". Nous refusons, car nous devons retrouver Josette, "en panne sur la côte" ; caramba, encore pire, un incident aeronautique ! "avez-vous l'autorisation de la DGAC espagnole pour voler en Espagne ? Caramba, la guardia civile va confisquer vos ULMs, oh la la". On sent qu'ils font un peu de cinéma, ils sont très gentils mais craignent des ennuis. Donc on reste en promettant de repartir à l'aube demain matin. Roger, pilote belge de motoplaneur installé à Malaga nous assiste : nous voila parti à la recherche de Josette, avec le point GPS et le souvenir visuel de la proximité d'un "parking à bateau". Arrivé sur place avec peine, on m'apprend que Josette a redécollé ! Chapeau, bravo. Mais le garçon m'indique qu'elle est partie dans la mauvaise direction. En terme d'orientation Josette est spécialisée dans la verticale mais débute concernant la dimension horizontale.
Nous rebroussons chemin avec Roger, quand Josette appelle mon portable : "je me suis posée de nouveau sur la plage, au même endroit, car j'etais perdue !" Trop tard pour ce soir, nous convenons d'un rendez-vous aérien demain matin. Nuit entre garçons au bord de la plage à Velez Malaga, il fait très doux, enfin, nous mangeons des poissons dans un restaurant populaire fréquenté, bière et néons.
Délicieuse Andalousie
Vendredi 30 mars ; Roger (Merci pour tout cher Roger) nous drope à l'aerodrome de Velez Malaga à la fraiche et nous packons fissa. J'ai peur de voir débouler la guardia civile ! Le temps est divin.
Je monte au nord pour la base d'Antequera attendre Josette. Une fois en approche elle appelera à la radio, je décollerai et nous cheminerons de concert vers VillaMartin. Pourvu qu'elle puisse démarrer, et avoir des piles à son GPS ! Pendant ce temps les deux gamins foncent sur Villamartin préparer notre départ eventuel pour Tanger dès aujourd'hui (fenêtre méteo oblige). A Antequerra un professionnel m'accueille, nous allons boire un café dans un relais de nationale très enfumé, qui a un air mexicain, on se rapproche du sud ! L'été cette base accueille une école ULM anglaise qui s'installe pour la saison "avec des pegasus". Ce n'est pas la première fois que j'entends ces pratiques anglaises et hollandaises : pas bête !
Josette se pointe effectivement, et nous nous retrouvons en l'air après moults 360°. Cap sur Villamartin, on y sera à midi. Josette aime cheminer en vue d'un collègue, nous accordons nos vitesses. 30 kilomètres avant Villamartin, Josette a des ratés, l'essence n'arrive plus ! Caramba ! Finalement elle hoquetera jusqu'à destination, ouf ! C'est encore un problème d'alimentation sur le réservoir 2.
Les gamins sont déjà là, et juste après nous se posent Bernard l'Africain et Hervé le dandy sur Storm, puis Jean-Pierre et Florence les amoureux sur Storch ; Jean Baldou le papillon ferme la marche. Super, nous 7 ulms du raid à être au rendez-vous.
Un hotel a été installé dans une ancienne gare à 300 mètres, qui recherche un certain François qui a réservé des chambres. Notre hôte est un suisse allemand qui anime le club de planeurs sur la base de Villamartin, très sympathique, il nous mène à l'essence et au ravitaillement pique-nique ; le village est adorable tout blanc, avec moins de 30 immigrés nord européens. Nous récupérons par fax l'autorisation officielle de voler au Maroc que Stéphane et François ont obtenue a l'arrachée au Maroc ce matin. Durant le pique-nique, Bernard nous apprend que Dominique et son Dynamic ont eu un accident en décollant de Perpignan, sans bobo, amdulila. Christian, Bernard et Jean Claude poursuivent mais leur météo est mauvaise.
Le groupe décide de passer à Tanger dès cet après-midi, car la météo est souriante et on anticipe des "palabres papiers" à la douane. Nous shuntons tout contact avec la douane ou controle aérien espagnol, Bernard active le plan de vol pour les 7 ULMs auprès du BRIA de Bordeaux, et c'est parti !
Passage de Gibraltar : bye-bye Europe, bonjour les fiches
Pour pallier à d'éventuels problèmes d'autonomie des pendulaires 2 temps, ils emportent un bidon et se poseront en campagne pou refueler (ce ne sera pas nécessaire sur cette branche).
Nous passons Tarifa avec ses éoliennes, montons pour garder un maximum de cône de sécurité et prenons contact radio avec Tanger approche à partir du milieu du détroit. C'est émouvant de changer de continent en vol, mais la brume de beau temps limite les photos. Je perds de vue le groupe et fais finalement une approche radio solo.
Nous posons comme à la parade et rencontrons nos premiers uniformes sur le tarmac, souriants. On recule nos montres de 2 heures.
Une erreur sur la liste des identifications des ULMs autorisés à voler sur le fameux sésame tourne mal et le contrôle aérien bloque un pendulaire à Tanger :-( Nous sommes atterrés. Avec grandeur, Josette propose de passer son pendulaire à Henry qui doit convoyer sa Zaza, et nous choisissons de prêter l'identification de Josette au pendulaire d'Henry pour le temps du raid, opération réalisée au scotch noir illico. Josette volera finalement le raid en Quik avec moi, ce qui fut très plaisant et releva sensiblement le niveau de pilotage embarqué. Nous sommes quand même déçus de l'accueil.
Soirée flânerie par petits groupes à Tanger ville, il fait doux, les gens palabrent, médina, escargots blancs, kefta, la soirée est douce.
Tanger-Casablanca
Samedi 31 mars ; temps maussade. Josette porte plainte auprès de 12 autorités pour vol de son sac, les chauffeurs de taxi sont interrogés par téléphone portable, les halls de l'aeroport sont passés au peigne fin, c'est l'émoi. Josette retrouve en fait le sac rangé dans son ULM vers 9H32...
Nous devrons voler jusqu'à Ouarzazate sous plans de vol, Bernard les dépose le matin à la tour, puis un leader (ou bien chacun) fait la radio avec le contrôle aérien. Nous avons recopié à Tanger les points de report VFR de Tanger Casa (ils contournent Rabat), et je les ai introduits dans Navi. Nous partons, vent dans le nez, sous la grisaille.
Nous volons 3 heures, le paysage est très français, type Charentes: cote Atlantique et champs verts. Louis tombe en panne d'essence et casse l'axe de fourche en se vachant. Il refixe avec une sangle et repart, mais ça pendouille trop et il préfère re-poser.
Enfin Tit Melil (Casablanca), aerodrome du rendez-vous pour le raid , c'est encore un aerodrome d'aeroclub. Le camion est là et les copains venus par Air Maroc. Pierre et Jean Michel arrivent peu après avec leur superbe ULM Dynamic qui est venu de Strasbourg.